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Le Deuil

 

Si la définition habituelle est la douleur liée à la perte d’un être cher, le deuil en psychanalyse représente plutôt le processus visant à surmonter cette douleur et les symptômes qui y sont liés. On parle alors de « travail » de deuil.

C’est ce « travail » de deuil qui sera abordé ici. En effet, la douleur qui nous submerge au moment de la disparition d’un être cher ne peut exister seule, sans toutes les étapes incontournables qui vont lui succéder.

Ces étapes obligées, qui devront être pleinement vécues pour un retour à une vie supportable en l’absence de celui ou de celle qui est parti, ont été classifiées de façons différentes selon les auteurs.

Il y a pour certains auteurs 3 étapes (détresse, dépression et acceptation), pour d’autres 4 (choc, colère, dépression, acceptation), pour d’autres encore, 5 (choc – déni, colère, marchandage, dépression, acceptation) voire 7 (choc, déni, colère – marchandage, tristesse, résignation, acceptation, reconstruction).

Quelque soit la classification choisie, le décès d’un proche, d’un être aimé, représente un événement déstructurant de la vie auquel il va falloir faire face, avec plus ou moins de difficulté, plus au moins de temps.

Toutes les classifications que l’on retrouve ont pour point commun le choc initial, ce moment plus ou moins violent auquel va faire suite un effondrement vers l’abîme de la douleur et de la souffrance, ce gouffre dont il sera secondairement nécessaire mais tellement difficile de ressortir.

Toutes les autres étapes décrites ou individualisées ne me semblent être que des « sous chapitres » de l’une ou l’autre des 3 grandes phases que l’on peut retenir : le choc initial, la chute vertigineuse vers l’anéantissement et la reconstruction, plus ou moins complète, mais qui ne représentera jamais un retour à la situation antérieure. Cette mort qui nous bouleverse tant sera partie intégrante de cette nouvelle vie à laquelle il faudra s’adapter.


Le choc

Son intensité est très variable, selon que la mort est attendue ou pas (issue inéluctable d’une maladie, grand âge … ), selon l’histoire personnelle de chacun, selon sa propre charge affective à ce moment précis…

Cette intensité peut être d’une telle violence que son impact peut être à la fois psychique et physique avec de multiples manifestations elles aussi d’ordre psychique et physiques.

Les manifestations d’ordre psychique

C’est d’abord ce conflit entre la réalité et l’impossible. La première réaction peut être une réaction de refus, de déni à laquelle peuvent succéder des réactions de colère, de révolte ou au contraire d’abattement, de sidération de l’esprit comme un coup d’arrêt dans le cours des pensées.

On peut également observer des réactions impulsives associées à un désir insurmontable de rejoindre le défunt …

Les manifestations d’ordre physique

Elles aussi peuvent être très variables, allant de l’agitation aux cris, aux pleurs, aux évanouissements ou au contraire être totalement absentes pouvant parfois laisser croire à une certaine indifférence alors que l’orage affectif reste intérieur, non exprimé. Ces différentes expressions sont très souvent liées à l’histoire, la personnalité, la culture de chacun.

Cette phase peut s’étaler de quelques heures à plusieurs jours.


L’anéantissement

Après cette première phase, la réalité du décès s’impose petit à petit. Les heures ou les jours qui passent confirment cette absence. Il va falloir affronter cette terrible réalité qui nous anéantit.

Durant cette phase qui peut durer plusieurs années, peuvent apparaitre des troubles affectifs et émotionnels, des troubles intellectuels et du comportement et enfin des troubles physiques ou somatiques.

Les troubles affectifs et émotionnels

Celui qui reste est envahi par une sensation de vide. La tristesse est telle qu’elle peut conduire à des idées de mort. L’entourage va percevoir ces velléités suicidaires et va tout faire pour les atténuer : « Pense a nous, on a besoin de toi », « il va falloir te battre pour vivre » … Mais comment trouver la force de se battre pour quelque chose dont on n’a plus envie ? Le combat de celui qui reste n’est pas un combat pour vivre, mais tout juste un combat pour ne pas mourir. La vie, ce sera pour plus tard …

Peuvent également apparaître une sensation d’inutilité, sur laquelle se greffe un sentiment de culpabilité, culpabilité d’être encore en vie … « pourquoi lui, et pas moi … ? »

Des hallucinations peuvent aussi se voir, le plus souvent auditives.

Les troubles intellectuels et du comportement

Il s’agit essentiellement d’une incapacité à maintenir des habitudes (de travail, relationnelles) et d’une diminution des capacités de concentration et de l’intérêt porté aux choses simples de la vie quotidienne.

On peut également noter une certaine identification au défunt par la répétition temporaire de ses attitudes, de ses habitudes…

Si ces troubles sont initialement admis par l’entourage, leur persistance sera de moins en moins comprise et va participer à l’isolement de celui qui reste. La vie continue pour tous et ce décalage va majorer cette sensation de solitude.

Les troubles physiques et somatiques

Une fatigue intense va être ressentie, associée à des troubles du sommeil.

L’appétit va également se voir modifié avec soit amaigrissement soit prise de poids liée à une compensation de ce manque par un comportement « boulimique ».

Cette souffrance intense et profonde va aussi pouvoir révéler, réactiver ou majorer des pathologies telles l’asthme, l’eczéma, les troubles digestifs …


La reconstruction

C’est à travers l’intériorisation de la relation avec le défunt qu’elle va pouvoir se faire.

C’est l’apprentissage de la séparation physique d’avec celui qui manque. Une nouvelle relation va naître.

Celui qui reste va pouvoir progressivement se détacher de certains objets ayant appartenu au défunt, se tourner vers l’avenir, refaire quelques projets, ressentir de nouvelles sensations, de nouveaux désirs.

Cette dernière phase est le plus souvent imperceptible à son aurore. Ce n’est qu’au bout de quelques mois, en se retournant, que la personne en deuil va s’apercevoir du chemin parcouru.

 

Quoiqu’il en soit, la vie ne sera jamais plus comme avant. La douleur ressurgira, de temps à autre, avec son cortège de manifestations, à l’occasion de certaines dates, dans certaines situations, à certains endroits, car la mort de ceux qu’on aime entraîne une blessure dont on ne guérit jamais….