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Reculer l’échéance : oui … mais ...

Tout être vivant est destiné à mourir, quel qu’il soit, quoi qu’il fasse.

Tout être humain est également pourvu de cette pulsion de vie qui vise à la fois à la préservation de l’individu et à la survie de l’espèce, dualité entre pulsion d’autoconservation et pulsion sexuelle.

Tout au long de notre vie, nous « avançons », nous construisons notre avenir, souvent de façon incertaine, au travers de projets que l’on élabore avec les outils du passé, de notre vie, de nos souffrances mais aussi avec le modèle des autres, leur expérience, leur histoire.

Et la seule échéance inévitable, la mort, celle des autres, la nôtre, ce projet d’avenir certain, nous le refusons, nous ne pouvons y penser, nous l’occultons d’une manière où d’une autre, comme s’il n’existait pas. Philippe Ariès a écrit : "la certitude de la mort et la fragilité de notre vie sont étrangères à notre pessimisme existentiel".

Bien sûr, il est difficile de pouvoir concevoir la mort comme un projet. Et c’est sûrement la raison pour laquelle elle nous fait tant souffrir. Nous n’y avons pas pensé, nous ne l’avons pas intégrée dans notre avenir ni dans celui de nos proches. Et pourtant …. elle est en embuscade permanente surgissant toujours au mauvais moment, parfois trop tôt, mais aussi parfois trop tard.

Le départ d’un être cher, aimé, proche, survient toujours trop tôt. La mort d’un jeune, d’un enfant rempli de vie et de projets est un événement insoutenable, inenvisageable, la plus grande injustice qui soit …

Mais la mort d’un proche, d’un ami, d’un parent à un âge parfois qualifié de « raisonnable pour mourir » comme pour se consoler est également un moment que l’on voudrait toujours pouvoir reculer, reporter au lendemain, ou peut être au surlendemain … voire plus …

L’évolution actuelle de la médecine et des techniques de réanimation permet de reculer de plus en plus ce moment redouté. Mais à quel prix ?

Si la mort en soi reste taboue, ce sont les conditions de cette mort qui préoccupent dorénavant notre société moderne. Serait-ce le corolaire de cet « acharnement thérapeutique » trop souvent décrié ?

Quoiqu’il en soit, on a substitué à l’acharnement thérapeutique le choix existentiel de l’homme et sa qualité de vie. On parle maintenant du choix de sa mort et du moment de sa mort dans la dignité due à la personne humaine.

Cette mort qui nous bouleverse, nous ne l’acceptons pas, nous voudrions toujours la reporter à plus tard, mais une chose est sûre pour la grande majorité d’entre nous, pas à n’importe quel prix.

Et lorsqu’elle se présente, qu’elle frappe à notre porte, nous pouvons toujours l’accueillir en ennemie, vouloir laisser la porte fermée, mais elle a le double des clés …

Alors tentons de ne pas la subir, tentons d’être acteur, soit avant le départ de l’âme, soit après, en tentant de la rendre plus belle. C’est là le rôle à mes yeux le plus noble du thanatopracteur.